Série estivale : Les six dimensions de la connectivité (deuxième partie)

Même si la vitesse n’est plus une fin en soi, elle reste une exigence clé pour une connectivité pérenne, mais d’une manière beaucoup plus complexe qu’il y a quelques années. Les présentations sur la dimension « vitesse » ont donc porté sur la question de savoir dans quelle mesure une infrastructure (fixe) bien structurée peut soutenir les nouveaux services numériques et les flux de données transfrontaliers.

Christophe Leytem et Marc Bertemes (Post Technologies) ont présenté la voie vers des réseaux fibre optique « prêts pour l’IA » – ou des opérations entièrement autonomes – dans ce contexte : il reste encore un long chemin à parcourir ; le secteur se trouve actuellement à l’aube des opérations et de la maintenance assistées, avant de passer à des opérations partiellement autonomes. D’ici 2028, on estime que près des deux tiers de tous les fournisseurs de connectivité auront atteint un niveau élevé d’autonomie et seront ainsi sur le point de passer à un fonctionnement entièrement autonome. Cette évolution implique également un changement au niveau de l’IHM. Le passage de l’approche actuelle axée sur les modèles à une approche axée sur les intentions, puis à l’autonomie, se traduira par une présence quantitative plus importante (et plus rapide) des machines, avec une influence qualitative accrue du facteur humain.

Il n’est un secret pour personne que la connectivité haute performance nécessite beaucoup de câbles. Benoit Felten (Plum Consulting) a partagé quelques réflexions sur ce sujet, notamment sur les promesses stratégiques et les risques opérationnels associés. Actuellement, les câbles de première génération dans les zones intérieures sont principalement installés le long des routes, des voies ferrées et des voies navigables. Ils sont complétés par des réseaux de câbles sous-marins (très coûteux) dans les océans du globe, qui forment ensemble un réseau mondial de connectivité. Ces derniers, en particulier, arrivent déjà en fin de vie après 20 à 30 ans, ce qui signifie que la prochaine étape est imminente. Les questions qui se posent à cet égard concernent notamment les performances, la résilience et la propriété.

Un coup d’œil à la liste des membres de l’association industrielle européenne Connect Europe montre à quel point la propriété – et donc la responsabilité – est diversifiée dans le domaine de la connectivité en Europe. Le directeur général de Connect Europe, Alessandro Gropelli, a abordé la prochaine vague de défis en matière de connectivité auxquels l’Europe sera confrontée, avec le facteur coût comme enjeu majeur : en Europe, l’écosystème de la connectivité représente actuellement près de 5 % du PIB, mais le retour sur investissement reste très discret. De plus, les investissements ont diminué en 2023 par rapport à l’année précédente. Connect Europe préconise donc la « recette » suivante pour l’Europe : déréglementer, développer, innover, avec pour objectif spécifique de créer des solutions haut de gamme pour les API, les nœuds périphériques et l’IA dans les réseaux.