Efficacité et durabilité vues du ciel : comment les drones connectés favorisent une agriculture de précision
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Initialement considérés comme des gadgets pour passionnés, les drones sont devenus incontournables dans de nombreux secteurs, offrant de nombreux et précieux services. L’agriculture de précision est un exemple de cette transformation, les drones améliorant l’efficacité et réduisant les coûts – pour autant qu’ils soient bien connectés.
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Impossible d’ignorer l’adoption massive des drones dans l’agriculture. Selon des estimations récentes, environ une exploitation agricole sur dix en Europe utilise actuellement des drones, faisant de l’agriculture un précurseur en matière d’innovation, ce qui peut paraitre surprenant pour un secteur aussi traditionnel. Ce succès est largement dû à la diversité des tâches que les drones peuvent accomplir et aux avancées significatives qu’ils apportent.
Bien-être animal : la localisation sauve des vies
Les drones sont utilisés de manière intensive dans l’agriculture pour une raison très simple : il est plus facile de reconnaître des objets à hauteur d’oiseau plutôt qu’à partir du sol. Les drones équipés de caméras peuvent notamment repérer les faons qui se cachent dans les champs, ce qui permet d’éviter des accidents tragiques avec le matériel de fauche. De nombreux agriculteurs s’appuient désormais sur cette technologie pour le bien-être animal, en scannant leurs champs avant de les faucher, afin de détecter et de sauver les jeunes animaux.
Soin des plantes : un état des lieux en temps réel
La perspective aérienne des drones offre un avantage inédit dans le domaine des cultures arables. Les drones contrôlés par GPS permettent aux agriculteurs de se faire une idée précise de l’état de leurs plantes et de leurs sols. Les drones sont équipés de caméras ultramodernes capables d’enregistrer un large éventail de données en un minimum de temps et de les transmettre – via une connexion efficace – en temps réel.
Les agriculteurs peuvent utiliser ces données pour optimiser l’utilisation d’engrais et de pesticides, en ciblant uniquement les zones qui en ont besoin. En outre, les drones peuvent détecter les signes de stress des plantes causés par des carences en nutriments ou des pénuries d’eau, et identifier les maladies ou les mauvaises herbes à un stade précoce. Les agriculteurs peuvent ainsi s’attaquer rapidement aux problèmes tout en minimisant le gaspillage, en n’appliquant les ressources qu’à l’endroit et dans les quantités nécessaires.
Protéger les plantes de façon pratique et écologique
Les drones transforment la protection des cultures en offrant des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement. Par exemple, de nombreuses exploitations utilisent des drones pour larguer des capsules contenant des œufs de guêpes Trichogramma ichneumon, prédateurs naturels des ravageurs du maïs. Les drones peuvent également appliquer des produits phytosanitaires liquides et se révèlent indispensables pour atteindre des zones inaccessibles, comme les vignobles escarpés le long de la Moselle, tout en gagnant du temps.
Ici encore, la condition sine qua non réside dans la connectivité. Si celle-ci est assurée, l’efficacité augmente durablement et l’impact sur l’environnement est considérablement réduit. Il s’agit notamment de réduire les émissions des tracteurs et de minimiser les perturbations des sols, ce qui est bénéfique pour la santé de ces derniers et la croissance des plantes.
L’agriculture de précision au Luxembourg : priorité aux technologies terrestres et à la recherche paneuropéenne
Gilles Rock, directeur du département des géodonnées à www.LSC360.lu, cofondateur et président de la Luxembourg Drone Federation, est un pionnier des drones au Luxembourg. Ses travaux portent entre autres sur l’utilisation des drones dans l’agriculture, domaine dans lequel il estime qu’il reste des progrès à faire dans le pays.
« Comme les surfaces agricoles au Luxembourg sont très souvent structurées en petites sections, l’utilisation de technologies d’agriculture de précision, telles que les drones, est plutôt limitée pour des raisons d’efficacité. Dans le vaste écosystème des technologies de l’agriculture de précision, les agriculteurs luxembourgeois s’appuient principalement sur des solutions plus simples et plus pratiques, telles que les tracteurs guidés par GPS ou les capteurs d’azote. Les technologies plus avancées, comme celles qui permettent de détecter les mauvaises herbes et les maladies, s’appuient fortement sur l’analyse d’images et nécessitent une puissance de calcul importante. Bien souvent, ces systèmes ne peuvent pas traiter les données en temps réel sur le tracteur lui-même et dépendent plutôt d’une connectivité réseau stable pour transférer de grands volumes de données vers des serveurs ou des plateformes en nuage, en vue de leur analyse. Les résultats traités sont ensuite renvoyés à l’agriculteur, un processus qui peut s’avérer difficile à mettre en œuvre de manière fiable dans les zones où la connectivité est limitée. »
Des niches innovantes et un projet européen
Néanmoins, Gilles Rock entrevoit également un potentiel pour les drones au Luxembourg, du moins dans certaines niches innovantes :
«même sur de petites surfaces, la détection des maladies et la fertilisation par drones peuvent réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides, et donc augmenter non seulement l’efficacité économique, mais aussi la durabilité écologique du produit. Dans la viticulture, cela se pratique déjà ici et là. »
L’importance de la connectivité dans l’agriculture de précision est également mise en évidence par le projet COMMECT. Cette initiative de recherche de l’UE rassemble un consortium de 20 partenaires issus de 11 pays. Coordonné par le LIST, le projet soutiendra les besoins et les opportunités spécifiques des zones rurales et fournira, entre autres, un accès de qualité, fiable et sécurisé à l’ensemble des zones rurales et isolées.