Conduire l’avenir : Comment la connectivité façonne l’essor des véhicules autonomes au Luxembourg
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La conduite autonome n’est plus un simple concept – c’est une réalité en pleine évolution, le Luxembourg se positionnant comme une plaque tournante de l’innovation dans ce secteur. Des premiers développements aux technologies de pointe testées aujourd’hui, le parcours des véhicules autonomes a été remarquable, façonné par des avancées technologiques et des partenariats cruciaux. Dans cet article, nous explorons le passé, le présent et l’avenir de la conduite autonome au Luxembourg, en nous appuyant sur les points de vue des experts Anthony Auert, cluster manager pour l’automobilité chez Luxinnovation G.I.E., et Antonio da Palma Ferramacho, consultant en décarbonisation des flottes d’entreprise chez RightFleet.
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Le passé : Poser les bases de l'autonomie
Les premières pierres de la conduite autonome ont été posées il y a plus d’une décennie, avec des étapes clés dans la technologie et l’infrastructure des véhicules. Dès les années 1990, des technologies telles que le régulateur de vitesse adaptatif et les systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS) ont été développées, ouvrant la voie à des fonctions autonomes plus sophistiquées. Antonio da Palma Ferramacho se souvient de l’intégration progressive de ces technologies : « Dans les années 1990, nous avons assisté à l’introduction de fonctions, telles que le contrôle électronique de stabilité (ESP). Il s’agissait d’étapes essentielles pour instaurer la confiance dans les systèmes automatisés, même si la technologie n’en était encore qu’à ses débuts. »
Cependant, ce sont les progrès en matière de connectivité qui ont véritablement changé la donne. Selon Anthony Auert, « la forte connectivité et l’infrastructure numérique avancée du Luxembourg constituent le socle du développement et du déploiement des technologies de conduite autonome. » La capacité des véhicules à communiquer en temps réel avec leur environnement a joué un rôle crucial pour les développements futurs, car les véhicules autonomes s’appuient fortement sur la communication de véhicule-à -tout (V2X), qui leur permet de recueillir et de traiter les données de leur environnement pour assurer une navigation sûre.
En 2018, des navettes autonomes ont été introduites à Contern dans le cadre des efforts déployés par le Luxembourg pour tester les technologies de conduite autonome dans des conditions réelles. « Il s’agissait d’une étape importante », a déclaré Ferramacho, « mais la technologie est encore loin d’être mature. Les véhicules doivent encore fonctionner dans un environnement contrôlé, sinon ils ne peuvent pas encore fonctionner en toute sécurité, en particulier face à l’imprévisibilité du comportement humain. »
Le présent : La conduite autonome progresse à grands pas
Aujourd’hui, le Luxembourg est à la pointe de la recherche et des programmes pilotes en matière de conduite autonome. Les partenariats entre le gouvernement, les entreprises privées et les instituts de recherche ont joué un rôle essentiel dans l’accélération du développement de cette technologie. Comme l’explique M. Auert, « le Luxembourg accueille plusieurs initiatives, notamment une collaboration avec Ohmio pour introduire des navettes autonomes dans les transports publics et l’établissement d’un centre régional de R&D par Pony.ai pour développer des technologies de pointe en matière de conduite autonome. »
Toutefois, l’un des plus grands défis consiste à gagner la confiance du public. Bien que la technologie permettant une autonomie partielle (comme les systèmes de niveau 2 avec direction, freinage et accélération) soit désormais disponible dans de nombreux véhicules, le grand public hésite encore à l’adopter pleinement. Même pour des fonctions de base comme le régulateur de vitesse adaptatif, les gens ignorent souvent qu’ils en disposent ou ont peur de les utiliser. « Les constructeurs automobiles doivent produire des systèmes faciles à utiliser et transmettre l’information au consommateur. La technologie est souvent difficile à expliquer et il y a un grand fossé entre ceux qui sont au courant et ceux qui ne le sont pas », explique M. Ferramacho. Cela met en évidence le besoin croissant d’éducation et de sensibilisation face à ces systèmes.
La connectivité a également fait d’énormes progrès, en particulier avec le déploiement de la 5G. « L’intégration de la 5G et d’autres technologies de communication améliore la sécurité et l’efficacité de la conduite autonome. En permettant l’échange et le traitement de données en temps réel, les véhicules autonomes peuvent mieux anticiper les dangers potentiels et y répondre, ce qui améliore la sécurité », souligne M. Auert. La combinaison de l’internet à haut débit et des capteurs des véhicules a permis de prédire les conditions de circulation, d’améliorer les performances des véhicules et de garantir une expérience de conduite plus sûre.
L'avenir : Défis et opportunités
Pour l’avenir, le Luxembourg se positionne comme un laboratoire vivant pour la conduite autonome et la mobilité intelligente. Les 5 à 10 prochaines années promettent d’apporter des systèmes autonomes encore plus avancés, bien que des défis subsistent. « L’un des plus grands obstacles sera de faire face à l’imprévisibilité du comportement humain », explique M. Ferramacho. « Nous avons programmé les véhicules pour qu’ils gèrent des scénarios prévisibles, mais la prochaine étape consiste à prendre en compte l’imprévisible, domaine dans lequel l’IA jouera un rôle crucial. »
La vision luxembourgeoise de l’avenir de la conduite autonome implique non seulement des avancées technologiques, mais aussi des changements sociétaux. « Nous nous dirigeons vers un système de transport qui n’est pas seulement intelligent et efficace, mais aussi durable », explique M. Auert. Les véhicules autonomes, en particulier les véhicules partagés, réduiront les embouteillages et les émissions, contribuant ainsi à un environnement plus écologique.
L’avenir verra aussi davantage de véhicules autonomes partagés et publics, comme les robots-taxis et les navettes autonomes, ce qui renforcera encore la mobilité en tant que service. Ferramacho envisage que la conduite autonome joue un rôle essentiel pour combler les lacunes du réseau de transport public luxembourgeois : « Les véhicules autonomes pourraient d’abord être des véhicules partagés plutôt que des véhicules en pleine propriété. Ils pourraient combler le dernier kilomètre où les bus conventionnels ne peuvent pas être utilisés et offrir une solution flexible et efficace. »
À mesure que la connectivité continue de s’améliorer, avec les développements futurs de la 5G, de l’informatique en nuage et de l’informatique en périphérie, les possibilités de conduite autonome ne feront que s’étendre. « Ces technologies réduiront la complexité et le coût des véhicules en fournissant à distance la puissance de calcul nécessaire aux tâches complexes et en permettant le traitement des données en temps réel au plus près du véhicule », souligne M. Auert. Les données sont l’avenir, en particulier le transfert de données à grande échelle, et elles transformeront le fonctionnement des véhicules autonomes en les rendant plus sûrs et plus efficaces.
Le parcours de la conduite autonome au Luxembourg reflète une évolution plus large vers un avenir plus connecté et plus durable. Depuis les premiers développements des systèmes d’aide à la conduite jusqu’aux navettes autonomes d’aujourd’hui et aux futurs robots-taxis, le rôle de la connectivité et de l’innovation technologique est indéniable. L’engagement du Luxembourg à être une plaque tournante de la conduite autonome le positionne à l’avant-garde des avancées mondiales dans ce domaine. Il ne s’agit pas seulement de technologie – il s’agit de changer notre façon de penser la mobilité. Grâce aux progrès continus en matière de connectivité, de réglementation et de confiance du public, la conduite autonome est appelée à remodeler notre façon de nous déplacer dans les années à venir. « Le Luxembourg contribue activement à cette évolution, en tirant parti de son écosystème en pleine croissance, de son emplacement stratégique et de sa solide infrastructure », déclare M. Auert.