Des salles de classe aux paysages numériques : L’évolution de la connectivité dans l’éducation

La naissance de l’Internet au milieu des années 1980 a permis à l’enseignement supérieur d’expérimenter sur la connectivité en ligne. Au début, l’idée de relier les établissements d’enseignement supérieur par un réseau mondial était révolutionnaire. Pratiquement inexistante au départ, la connectivité est devenue un élément essentiel des établissements d’enseignement, leur offrant un accès à des réseaux où les données pouvaient être collectées, analysées et partagées. Pour la première fois, les ressources éducatives n’étaient pas confinées aux murs des bibliothèques ou des salles de classe, mais pouvaient être consultées de n’importe où grâce à l’Internet.

À l’aube des années 2000, la commercialisation du marché mondial a accéléré le développement des plateformes en ligne. Les sites web sont devenus plus sophistiqués et, bien que le contenu soit devenu plus accessible, l’Internet s’est également transformé en activité commerciale. Le professeur Tschirhart note que les sites web commerciaux les plus développés étaient à la pointe de la technologie et ont favorisé des avancées dans la conception et le développement d’autres sites web. « La connectivité est devenue un facteur de compétitivité dans le secteur privé ». Les environnements éducatifs ont largement bénéficié de ces innovations, bien qu’elles aient aussi introduit certains problèmes jusque-là inconnus.

Ainsi, l’accessibilité quasi instantanée des informations en ligne a apporté de nouveaux défis à l’environnement éducatif. La consultation de sources en ligne est devenue si facile que les étudiants ont commencé à remettre en question le niveau de véracité revendiqué par le matériel d’enseignement. À leur tour, les éducateurs ont dû communiquer et prouver que les sources en ligne n’étaient pas toujours fiables. Cette dichotomie entre la facilité d’accès et le manque de fiabilité des informations en ligne est un dilemme qui continue de préoccuper la société d’aujourd’hui.

L’introduction du smartphone a marqué un autre tournant. Dès lors, les étudiants pouvaient interagir avec l’information et les données du bout des doigts. L’ère du smartphone a fait entrer l’éducation dans l’espace mobile, favorisant davantage l’accessibilité des ressources. Avec cette avancée, la façon de consommer et d’interagir avec le matériel éducatif a changé à jamais.

Les salles de classe d’aujourd’hui dépendent fortement de connexions Internet rapides et fiables pour diffuser le contenu éducatif et permettre une interaction en temps réel entre les étudiants et les enseignants. Comme les étudiants ont un accès immédiat à l’information en ligne, le format des cours a radicalement changé, obligeant les professeurs à adapter leur style d’enseignement et à intégrer les nouvelles technologies.

Si des initiatives telles qu’eduroam, un service Wi-Fi mondial gratuit pour les étudiants offrant un accès à l’Internet dans leurs universités et dans les villes du Luxembourg et de l’étranger, ont rendu la connectivité largement accessible aux étudiants de tous les milieux socio-économiques, certains obstacles subsistent. L’un des principaux défis est la disparité d’accès aux appareils. Comme le dit le professeur Tschirhart, « la taille de l’écran est cruciale ». L’accès à une tablette ou à un ordinateur portable optimise considérablement l’expérience d’apprentissage par rapport à un smartphone plus petit.

Tout au long de son évolution, la connectivité a eu un impact sur presque tous les domaines de notre vie et, par conséquent, sur tous les domaines d’études supérieures. « Tout est concerné par la connectivité », déclare le professeur Tschirhart, « l’informatique, le graphisme, la psychologie, la médecine, la vente. Chacun doit savoir comment travailler avec la technologie et l’utiliser pour rendre ses produits et services encore meilleurs pour les consommateurs finaux ». Dans ce contexte, le niveau élevé de connectivité au Luxembourg permet l’apprentissage et le travail à distance, ce qui renforce son impact. De même, le réseau de l’Université du Luxembourg a été planifié à l’avance, il est optimisé pour le transfert simultané d’audio et de vidéo, et il est prêt pour l’avenir avec une capacité de fibre noire prête à être étendue au fur et à mesure de la croissance de l’université. Ainsi, chaque étudiant peut bénéficier des avantages d’une connectivité à ultra-haut débit pour améliorer son apprentissage.

Cependant, les étudiants doivent être préparés à évaluer et à utiliser l’information de manière critique, au lieu d’être des consommateurs passifs. « Les étudiants doivent comprendre comment recueillir, présenter et vendre l’information d’une manière qui soit significative pour leur public », explique le professeur Tschirhart. Par conséquent, les étudiants ne peuvent pas simplement s’appuyer sur leurs connaissances techniques, mais doivent développer leur savoir-être nécessaire à la communication de leurs résultats en parallèle. Les étudiants doivent être ouverts à la connaissance et apprendre à organiser et à structurer l’information. C’est pourquoi le lien humain entre les étudiants et leurs professeurs reste essentiel. Il améliore la qualité de l’interaction humaine et établit la confiance.

À l’avenir, le rôle de la connectivité dans l’éducation va encore s’accroître. À mesure que des technologies telles que l’intelligence artificielle et la réalité augmentée et virtuelle continuent de mûrir, nous pouvons nous attendre à ce qu’elles aient un impact significatif sur la manière dont l’éducation est dispensée.

Toutefois, le professeur Tschirhart met en garde contre une confiance excessive dans l’IA et souligne l’importance de la pensée critique et du raisonnement logique. « Si je devais donner un conseil aux étudiants, ce serait d’étudier les mathématiques ou le droit. Ces matières vous apprennent à formaliser les connaissances, une compétence importante pour toutes les professions aujourd’hui ». Il explique que si l’IA peut fournir des réponses rapides, elle ne peut pas remplacer l’esprit critique de l’intelligence humaine. « Si vous posez des questions stupides, vous obtiendrez des réponses stupides. Nous devons donc apprendre à poser les bonnes questions. » Les environnements et contextes de la vie réelle sont essentiels au développement du savoir-être nécessaire à la quasi-totalité des carrières. Comme ces compétences sont plus intangibles et dépendent du contact humain, il est douteux à ce stade qu’un type quelconque d’IA puisse les enseigner efficacement. Quoi qu’il en soit, il semble certain que l’IA jouera un rôle important dans l’éducation à l’avenir, reste à déterminer lequel.

L’avenir de la connectivité dans l’éducation va au-delà de la simple activation des systèmes d’intelligence artificielle ou de l’amélioration de l’accès à l’information. Il s’agit de donner plus de sens à ces informations et de les présenter de manière à avoir un impact positif sur la société. L’éducation joue un rôle crucial dans cette transformation. Grâce à l’amélioration de la connectivité, davantage de personnes peuvent accéder aux ressources en ligne, quels que soient les outils qu’elles utilisent. Le véritable défi consiste à s’assurer que nous tirons parti de ces outils pour créer un avenir meilleur et mieux connecté pour les étudiants du monde entier.